lundi 28 septembre 2015

L'Âge Des Low Tech : vers une civilisation techniquement soutenable

 

 

Dans L’Âge des Low Tech, Philippe Bihouix explore la problématique de la finitude des ressources et de la nécessaire transition énergétique qui en découle. Mais loin du catastrophisme ou de la théorie pure, il esquisse les contours d’un mode de vie possible, généralisable et durable dans la sobriété. Un livre passionnant et tonifiant. 


Après Quel futur pour les métaux ?, édité en 2010, et le chapitre 4 de l’ouvrage collectif Penser la décroissance, dirigé par Agnès Sinaï, où il invoque déjà la remise à l’honneur de « basses technologies », Philippe Bihouix explore l’ensemble des comportements économiques soutenables dans L’âge des Low tech.
Par « soutenables », il faut entendre à la fois généralisables à toute l’humanité et durables dans le temps au fil des générations. J’ai trouvé dans ce livre une mise en ordre experte de différents problèmes que j’essaie de soulever depuis plusieurs années de colloques en articles. C’est dire mon bonheur et mon soulagement.
Une vision prenant en compte les limites
Voici enfin, dans la perspective d’une transition écologique inévitable qui soit en même temps possible, voire désirable, un vrai programme d’orientation des différentes activités humaines tenant compte à la fois des limites de la planète (énergétiques, minières, biologiques, temporelles), des contraintes générées par le partage des ressources entre sept milliards d’habitants (ceux qui préfèreront la guerre la perdront de toute façon), et des handicaps cachés des nouvelles technologies (nommées High Tech pour faire moderne).
Celles-ci étant censées nous permettre de concilier l’inconciliable, à travers la croissance « verte », les irrésistibles progrès de la science, la substituabilité des facteurs et des processus de production par l’innovation permanente, et autres mantras répétés par les grands prêtres de la religion dominante.
Au sujet de l’énergie, nous avons une fâcheuse tendance à ne prendre en compte que l’énergie que nous consommons directement. Or l’énergie « grise », demandée par l’extraction des matériaux, leur transport, la production des biens, y compris celle nécessitée par la construction des outils de production eux-mêmes, les emballages, les livraisons, est parfois bien plus importante.
Certains immeubles réclament pour leur construction des dizaines de fois l’énergie consommée par saison de chauffe. Cette énergie « grise » peut d’ailleurs être mise en jeu en Chine ou ailleurs, et, quand on intègre les importations et exportations dans les calculs, le bilan-carbone de la France est beaucoup moins reluisant.
Quant aux limites minières, l’équation est simple. Comme nous avons d’abord puisé dans les gisements les plus riches et les plus accessibles, la concentration des métaux recherchés baisse au rythme de notre consommation exponentielle, ce qui exige donc de plus en plus d’énergie pour l’extraction.
Le pic énergétique des ressources fossiles, déjà amorcé, va donc provoquer par ricochet un pic de toutes les extractions, mais les métaux les plus abondants, comme le fer et l’aluminium, garderont une disponibilité plus soutenable.
D’où l’intérêt de « basses technologies », pas forcément issues des siècles passés, mais incluant le moins possible de terres rares et de composants électroniques, dont le recyclage est par ailleurs quasi impossible à cause de la façon très désinvolte avec laquelle on les utilise.
Les limites biologiques frappent évidemment certaines énergies renouvelables. Le bois, déjà manquant en Afrique, ne suffirait pas à nous chauffer selon notre train de vie actuel. Je tremble quand j’entends parler de projets de chaufferies consommant par an 100.000 tonnes de bois coupées dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres pour faire de l’électricité, dont une partie sera gaspillée en chauffage, pour lequel une calorie émise au final exige trois calories d’énergie primaire.
A-t-on oublié que les Européens se sont tournés vers le charbon fossile parce que toutes les forêts exploitables avaient été rasées, alors que l’industrie était à peine naissante ?
Philippe Bihouix n’hésite pas à nous livrer des évaluations planétaires, qui, si elles ne sont pas strictement exactes à la troisième décimale, ont l’avantage de nous confronter à des ordres de grandeur qui borneront très vite notre avidité.
Il n’oublie pas non plus de soulever la question du renouvellement des équipements dans la durée, que ce soit les téléphones portables, les utilisations récurrentes qui consomment des métaux sans espoir de recyclage (peintures, encres, alliages complexes), ce qui en épuise d’autant plus vite les réserves, ou les gros équipements, comme les centrales nucléaires (qu’il ne défend aucunement), mais aussi les très grandes éoliennes, en passant par l’industrie automobile, qui n’utilise que de l’acier de première fonte.
L’esquisse d’une société soutenable
L’auteur reprend toutes ces observations au niveau de la vie quotidienne pour, après avoir bien posé les limites, explorer les différents aspects d’un mode de vie possible, généralisable, durable, et qui reste séduisant.
Il n’oublie pas de rappeler que le retour à un passé sans machines et sans technique n’est plus possible à sept milliards. N’en déplaise aux « luddites », le simple objectif d’un vélo pour chacun implique le maintien d’une industrie dépassant de loin les capacités d’un forgeron de village, qui sera par contre très bien placé pour en assurer l’entretien.
Il faut aussi admettre que, malgré les incantations sur une prévention parfaite qui réduirait le besoin à rien, peu de gens sont prêts à renoncer au fauteuil du dentiste, ce qui implique le maintien de productions assez complexes, qui pourra se payer par l’abandon de filières pas vraiment utiles mais concurrentes sur le plan des ressources.
En bref, tous les aspects de notre relation à la planète sont passés en revue, de l’utilisation des terres agricoles à celle des intrants versus main d’œuvre, du stockage de la nourriture aux bouteilles consignées, des tendances urbanistiques aux matériaux de construction, des modes de transport doux à de nouvelles pratiques touristiques, d’une réduction du temps de travail à une vie culturelle à plus faible empreinte écologique mais plus excitante.
Bien sûr, tout ceci nécessite une politique beaucoup plus volontariste, mais certaines décisions qui ne pourront être prises qu’au niveau de l’Etat passeront bien mieux si elles vont dans le même sens que les initiatives des collectivités locales, ou les changements de pratique des citoyens.
Les pistes d’un avenir possible et heureux dans la sobriété sont ouvertes dans tous les domaines. C’est pourquoi, d’où qu’on parte, il est passionnant et tonifiant de lire et faire lire ce livre.
- Recension par Jean Monestier

- L’Âge des Low Tech, de Philippe Bihouix, Seuil, 2014, 336 pages, 19,50 €.

Source : Courriel à Reporterre de Jean Monestier
Image : Dessin de Colcanopa (Interligo)

Consulter par ailleurs : 

Interview de l'auteur

Quelques extraits recomposés...

vendredi 25 septembre 2015

Arrivée finale du Tour Alternatiba !


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Après un périple de 5600 km, 187 étapes et 6 pays traversés, le Tour Alternatiba fera son arrivée finale le samedi 26 septembre à Paris !

Fort de la rencontre avec des centaines d’alternatives concrètes, des milliers de porteurs de ces alternatives, et de dizaines de milliers de citoyens, l’arrivée de ce Tour sera l’occasion de cristalliser un mouvement citoyen pour une société plus juste, plus solidaire et à même de relever le défi climatique.

Le rendez-vous est donné à 15h à la Place de la fontaine aux lions, à La Villette (Porte de Pantin).
De là s’élancera un grand cortège festif et revendicatif pour les derniers kilomètres du Tour. Tout le monde est invité à venir défiler à vélos, skates, rollers, etc., pour la Climate Pride !

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Le cortège arrivera ensuite à 16h30 place de la République, où seront déjà en place buvettes, restauration, compagnies d’art de rue et animations diverses, à l’occasion d’Alternatiba Paris.

S’en suivra un Meeting avec des personnalités internationales ! Plusieurs prises de paroles vont ensuite se succéder pour rendre compte de l’immense mobilisation citoyenne rencontrée au cours de ce Tour Alternatiba, et faire de cette arrivée un grand moment émouvant et mobilisateur pour la lutte contre le changement climatique.

Les cyclistes d’Alternatiba introduiront ce meeting, pour parler de leur vécu au cours de ces 4 mois sur les route de France et d’Europe, et Max alias Mali Karma chantera l’hymne officiel du Tour : “On s’mobilise !”

  D’autres chansons viendront animer ce meeting, avec la présence de Kaddour Hadadi, chanteur d’HK & les Salimbanks, ou des Pacific Warriors.
Ces guerriers (non-violents) pour le climat sont confrontés à la tragique réalité de la montée des eaux, qui risque de faire disparaitre leurs îles ! Regroupés au travers de l’ONG 350.org, ces 30 “warriors” issus de 12 nations différentes ont parcouru l’Australie pour s’opposer aux projets climaticides et à l’industrie des énergies fossiles. Ils seront à Paris pour vous parler de leur lutte pour la préservation de leurs îles.
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Naomi Klein fera partie des personnalités apportant leur soutien au Tour Alternatiba, et participera à l’événement à sa manière. Cette écrivaine canadienne et militante altermondialiste est l’auteure de plusieurs livres très critiques sur les dérives du système capitaliste, avec notamment “No Logo” et “La stratégie du choc”. Elle a par la suite travaillé la question du changement climatique avec son dernier livre : “Tout peut changer”. Dans cet ouvrage, elle démontre de façon limpide les liens entre l’économie capitaliste et le dérèglement climatique, et prône une réorientation de nos sociétés vers un modèle durable pour l’environnement, ouvrant également la voie à une transformation sociale radicale vers un monde meilleur, plus juste et équitable.
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Le militant gandhien et altermondialiste Rajagopal PV sera présent au meeting d’arrivée du Tour. Ce leader du monde paysan a montré en Inde que des transformations sociétales profondes pouvaient être obtenues par des actions non-violentes.  Il viendra parler de son combat pour la défense de l’agriculture paysanne, en Inde et dans le monde, face aux institutions et multinationales de l’agro-industrie, notamment à travers l’organisation de grandes “marches”. La dernière, « Jan Satyagraha » en 2012, avait réuni 100 000 manifestants et obtenu des concessions de la part du gouvernement. Sa présence donnera ainsi une résonance spéciale à la “longue marche” du Tour Alternatiba !
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Le final de ce grand meeting sera un grand moment de partage et de convergence des luttes. Des acteurs de lutte contre des projets climaticides et des porteurs d’alternatives que le Tour Alternatiba a rencontré au cours de son périple monteront sur la scène, afin de porter tous ensemble le message suivant :

La transition est en route, nous citoyens de tous les territoires l’avons engagée, alors qu’attendez-vous pour faire de même !?
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Enfin, des concerts viendront clôturer ce formidable événement, avec HK & les Saltimbanks, Imany, Jehro et Sinsemilia !

 



samedi 19 septembre 2015

Ils arrivent !

Le 5 juin ils partaient de Bayonne .

Le 12  ils étaient à Auterive .

Que de chemin parcouru à la rencontre des Alternatives .

Ils sont maintenant aux portes de Paris .


Les raisons de les rejoindre ne manquent pas .


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Si vous êtes sur place vous pouvez donner un coup de main pour le Climat !


lundi 14 septembre 2015

Alternatiba Toulouse 35.000 participants ...

... selon une rumeur non reprise par la Détresse du Midi , 35 000 participants auraient été aperçus sur les allées Jules de Guesde et aux abords du Grand Rond ce week end.

Voici ce qu'on peut lire en ligne  à la une sur l'événement des allées Jules de Guesde.
Article immédiatement suivi de celui ci .

A l'heure où se joue le sort de la planète et ou se perpétue un écocide mondial c'est un choix rédactionnel...

Nul trace en revanche à la une de l'orage ayant déclenché une alerte météo vers 16 h 30 au Grand Rond qui a du être évacué d'urgence sur ordre de la mairie. Pour en témoigner cette photo illustrant les dégâts et l'affolement général  .


Dans le même temps se déroulait au village Démocratie et Citoyenneté une table ronde réunissant un élu et un citoyen de Bagneux ( 92 ) venus présenter l' O.D.E  Observatoire Des Engagements des élus.
Après la présentation du mode d'emploi de cet observatoire , vient le temps des questions réponses.

A la question posée du rapport entre l'échéance électorale et la mise en oeuvre d'une politique volontariste à long terme (telle que celle qui serait nécessaire pour résoudre la problématique Climat ), Mouloud Haddad , adjoint au maire chargé de la tranquillité publique, de la vie des quartiers, de la citoyenneté finit par admettre que : " Le temps politique bride l'imagination...".
Un aveu  qui peut expliquer en partie la situation actuelle.
Cet échange sera également l'occasion d'évoquer certaines d'initiatives citoyennes post Alternatiba 2013 constatées à Auterive et réactivées récemment . ( A suivre ).

Présents également à cette table ronde Silicon Deniers formidable incubateur de lien social et Coteaux 21 première association à l'initiative d'un agenda 21.  Un point commun , les citoyens dans ces initiatives sont les éléments moteurs avec ou sans le soutien des élus .

 A peine le temps de digérer ce cours accéléré de démocratie participative que le correspondant du C.A.T. est interpellé par une conférence populaire animée par Arc en Ciel Théâtre mettant en scène des élus diffusant à leurs électeurs les avis désintéressés dictés par des conseillers proches d'un groupe souhaitant implanter un méga centre commercial en périphérie urbaine sur 44 ha de terres agricoles.


    A chacun de se faire son idée.



Alors que l'alerte orage (o' désespoir ) est à son maximum je décide de prendre la direction de la sortie en me joignant à un groupe de marcheurs qui ont décidé de manifester leur volonté de ralentir en  mélant poésie et politique.




De retour sur les allées Jules de Guesde , je fais mon bilan carbone  et bien que ne prenant pas l'avion , circulant le plus souvent en vélo et transports en commun , adhérent à  Enercoop  , je me rends compte que j'ai encore quelques pistes à creuser tel que le recyclage et l'isolation thermique puisque je suis potentiellement utilisateur de 1,25 planète .


Invité à me mettre au vert par un hymne citoyen...


Je visite un jardin initié par Mipygreen un projet pluridisciplinaire axé sur l’alimentation ,le jardin urbain et l'eco design.




Poursuivant mon chemin à la recherche d'une buvette ...



je traverse le village Climat Eau Energie pour aboutir au stand " Sortir du Nucléaire "

Ayant assisté quelques jours  auparavant à la projection de Quand la Garonne aura soif  ,  je me penche avec intérêt sur la carte du sud de la France dont le centre energético-névralgique se trouve être Golfech. 

Golfech , commune de 1000 habitants du Tarn et Garonne , célèbre pour ses 2 réacteurs nucléaires mis en service en 1991 et 1994  dont les tours de réfrigérations les plus hautes d'Europe sont visibles par temps clair depuis le Prats d'Albis . 
Cette proximité relative m'avait interpellé lors d'une balade sur nos belles montagnes ariégeoises.
C'est sans doute inconsciemment ce qui fait que je trouve un intérêt particulier à cet outil de simulation des conséquences d'un " incident majeur " de type Fukushima qui permet de visualiser l'incidence d'un vent de Nord - Nord Ouest . 



Si Auterive est concerné par la propagation d'éléments radioactifs , le sud de Pamiers n'apparaissant pas sur la carte , il est difficile de se faire une idée précise du sort réservé à nos voisins ariégeois.
Toutefois le commun des mortels peut comprendre que le Nucléaire n'est pas une solution pour sauver le Climat . Nos dirigeants politiques auraient ils perdu ce bon sens commun ou faut il chercher ailleurs les raisons de leur obstination à entretenir ce modèle énergétique mortifère ?     

Après une brève halte pour déguster une tourte chèvre aubergine arrosée de Karland , il est temps de se rendre à la masse critique qui doit réunir pour un tour de ville , rollers et cyclistes .

La pluie qui a fait son apparition n'est visiblement pas un élément naturel pour les toulousains , mais c'est en chantant que le cortège précédé de la gendarmerie nationale se déploie avec une équipe de staffers chargée de bloquer tous les accès aux véhicules motorisés.  






"Libérez les cyclistes enfermés dans les voitures " . " Tous en selle , tous en selle , ouai , ouai  ! "

Le temps du retour à Auterive a sonné pour retrouver demain notre Amap des Cassagnous au forum des associations.

L' Amap , l'une de ces multiples initiatives qui étaient présentes en ce samedi parmi les 200 stands d'associations , qui animèrent les 14 villages thématiques où furent diffuser 40 films , où se déroulèrent 70 ateliers , 50 conférences , 40 jeux et animations ludiques et 30 expositions que je n'ai pas eu le temps de découvrir comme l'ensemble des médias qui ne s'étaient pas donnés rendez vous en ce samedi 12 septembre pour assister à la métamorphose d'un monde plus juste et plus désirable.




          


 


 









 

lundi 7 septembre 2015

A qui profite le crime ?


Le dérèglement climatique tue. Il bouleverse des centaines de millions de vies, à commencer par celles des plus pauvres et des plus fragiles. Pour que notre planète reste vivable, près de 80 % des réserves d’énergies fossiles actuellement connues doivent demeurer inexploitées.
Nous n’en prenons nullement le chemin. Pendant que le Tour Alternatiba entame sa dernière ligne droite porteuse d'espoirs , les négociations préparatoires de la Conférence des Nations Unies sur le climat de Paris   piétinent .
L'échec de la COP 21 semble donc programmé : les États abandonnent l’objectif de tout faire pour rester sous le seuil d’une augmentation maximale de la température de + 2 °C au-delà duquel les pires scénarios deviennent possibles.
C’est pourquoi la société civile mondiale lance aujourd’hui un appel à la mobilisation, et à construire un vaste mouvement qui refonde nos sociétés.
Ce livre porte la voix de personnalités du monde entier, de chercheurs conscients de l’impasse actuelle, mais aussi celle d’innombrables victimes, réfugiés climatiques et collectifs en lutte contre la machine à réchauffer la planète. Tous nous rappellent la réalité du réchauffement climatique en cours, les souffrances et les inégalités qu’il produit et nous montrent les voies pour sortir de l’âge des fossiles.

Avec les contributions de Naomi Klein, Vandana Shiva, Jean Jouzel, Susan George, Desmond Tutu, Bill McKibben, Geneviève Azam, Pablo Solon...

Crime climatique stop ! - Collectif
Date de parution 27/08/2015
Anthropocène
320 pages - 15.00 € TTC