dimanche 21 avril 2019

La Défense bloquée toute la journée par les activistes du climat





L’opération « Bloquons la république des pollueurs » s’est révélée d’une ampleur inédite. Vendredi 19 avril, plus de 2.000 activistes écologistes ont bloqué les sièges d’EDF, de la Société Générale et de Total à la Défense, ainsi que le ministère de la Transition écologique. C’est la plus grande mobilisation de désobéissance civile non violente jamais organisée en France. Récit en mots et en images.

- La Défense (Hauts-de-Seine), reportage
Vendredi peu avant 9 h, [des activistes ont bloqué les entrées de trois différentes entreprises , à La Défense — EDF, Société générale et Total — ainsi que le ministère de la Transition écologique. Tandis que certains se sont assis, en « chenille », devant les portes et à l’intérieur des bâtiments, des colleurs ont entrepris de décorer l’espace et de taguer le sol, avec des slogans. « Macron, président des pollueurs », pouvait-on lire un peu partout.

-Lire ici notre récit détaillé et chronique durant la journée de vendredi Lire ici notre récit détaillé et chronologique durant la journée de vendredi

Des portraits présidentiels, réquisitionnés par dizaines depuis le 21 février dans les mairies par les activistes d’Action non-violente COP21 (ANV-COP21), afin de dénoncer le vide de la politique climat d’Emmanuel Macron, ont également fait leur apparition. Ils ont été placés à l’intérieur et à l’extérieur des tours, « afin de symboliser les réels lieux de pouvoir en France ». Des affiches du président de la République ont également été accolées à des écrans publicitaires. La peinture et la
colle utilisées pour cette transformation visuelle de l’espace étaient bios, ont assuré les activistes.




« La République des pollueurs, a déclaré à Reporterre la porte-parole d’Alternatiba Pauline Boyer, c’est l’alliance toxique entre les grands patrons des entreprises les plus polluantes et le gouvernement qui verrouille la lutte écologique et reste sourd à la mobilisation. Il est temps de faire de la désobéissance de masse. Tant que la politique du gouvernement se fera sous la pression des lobbies, Macron sera président de la “République des pollueurs” et on sera là pour lui barrer la route. » L’action a été pensée et organisée par Greenpeace France, Les Amis de la Terre, Alternatiba et ANV-COP21.

« La Société générale, c’est la dernière banque à financer les gaz de schiste »

Alice, 29 ans, faisait sa première action de désobéissance civile. En « chenille », elle bloquait une des entrées de la Société générale avec une dizaine d’autres personnes au moment où on leur a annoncé la « bonne nouvelle », autour de 9 h 30 : « Toutes les cibles visées ont été atteintes et des personnes se trouvent dans chacun des bâtiments visés. »




 Les activistes ont redécoré les lieux avec des affiches, des banderoles et des portraits présidentiels « réquisitionnés ». © NnoMan/Reporterre


Très vite, les policiers sont arrivés sur place, mais sans pouvoir empêcher les blocages. Quelques gaz lacrymogènes ont été envoyés, mais aucune action d’évacuation n’a été lancée dans la matinée. Les médiateurs, aussi appelés « peace keepers », avaient pour mission d’échanger avec les salariés des entreprises bloquées, et de leur expliquer l’action. Certains employés se sont montrés solidaires, d’autres très énervés. « La majorité d’entre eux étaient d’accord avec le message de notre action mais pas avec la méthode de blocage, nous a raconté Marc, devant la Société générale. Ils trouvent que c’est toujours la Société générale qui prend alors qu’il y a d’autres banques. C’est vrai, mais c’est la dernière banque à financer les gaz de schiste. Quand on leur a dit qu’on est aussi présents à EDF, à Total et au ministère, ils se sont détendus. Certains, des jeunes surtout, nous ont même dit merci. » À 10 h, les chanteurs HK et Kalun ont donné des concerts sous le soleil, devant EDF et la Société générale, participant à détendre l’ambiance.





Jon Palais, l’un des porte-parole d’ANVCOP21, a précisé à Reporterre le choix des « cibles » :
On bloque le siège de la Société Générale, la banque française numéro Un des énergies les plus sales. On bloque le siège de Total, qui fait partie des vingt entreprises les plus émettrices de CO2 au monde, et qui continue une logique extractiviste des énergies fossiles. On bloque le siège d’EDF, dont le mix énergétique, 10 % de renouvelables pour 70 % de nucléaire, ne permet pas de relever le défi climatique. Et on bloque le ministère de la Transition écologique et solidaire, qui est le complice de ces politiques des multinationales, puisqu’il autorise des projets qui vont totalement à l’encontre de tout ce que recommandent les climatologues : il autorise l’importation d’huile de palme par Total, ce qui va aggraver la déforestation donc le dérèglement climatique. Il autorise le projet de la Montagne d’or en Guyane qui va entraîner de la déforestation. Il autorise de grands projets d’infrastructure comme le Grand contournement ouest de Strasbourg. »
Vous pouvez relire nos articles sur ces différentes entreprises :

mardi 9 avril 2019

Fêtons la belle énergie !


Rendez-vous samedi 13 avril pour une journée festive où l’énergie coopérative, locale et citoyenne sera à l'honneur. Ensemble, fêtons la belle énergie !

Programme de la journée :

  • 11h15 : visite du parc et inauguration officielle
  • 13h : repas partagé : chacun-e apporte de quoi se restaurer et nous partageons avec nos voisin-e-s
  • 14h : - animations sur l'énergie pour les enfants, animées par les Petits Débrouillards
    - atelier pré-AG* pour les plus grands
  • 16h : spectacle clownacrobatique avec la Gadjolita
Lieu de rendez-vous :
  • Lieu-dit Espalmade, 31550 Cintegabelle (croisement entre chemin d'Espalmade et la D820). En cas de mauvais temps nous aurons une solution de repli pour le repas et les activités de l'après-midi, la salle des Baccarets (en face du cimetière).
Privilégions les transports en commun (la gare de Cintegabelle est à 2,2 km du parc) et le covoiturage : rendez-vous sur Mobicoop.
(non obligatoires mais cela facilite l'organisation ;) )
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*Atelier pré-AG : Les activités d’Enercoop Midi-Pyrénées s’inscrivent dans la vision et la stratégie définies dans le Plan d’affaires social, élaboré pour la création de notre coopérative en janvier 2015. Depuis, le paysage énergétique a évolué, nous incitant à réviser notre Plan d’affaires social. Un groupe de travail, formé par le Conseil d’Administration et les salariés de la coopérative, élabore un nouveau document afin de le présenter à l’ Assemblée Générale du 25 mai à Brens (près de Gaillac dans le Tarn). Afin d’impliquer les sociétaires et proches d'Enercoop Midi-Pyrénées dans cette démarche, des ateliers sont organisés en amont de l’AG dans les départements.


> Revivez les avancées des travaux (explications et photos) : le parc solaire d’Espalmade.
> Le parc solaire d’Espalmade est le second parc développé par Enercoop Midi-Pyrénées. Pour en savoir plus sur notre démarche : nos parcs solaires.
> Voir l’évènement facebook

mercredi 3 avril 2019

Compasso - Vavilov

Une production maraîchère bio en rupture avec l'environnement mercantile...
 
Inspiré du modèle Gartencoop opérationnel à Freiburg ( Allemagne ) depuis 2011 , le projet Compasso - Vavilov cherche à s'installer dans notre région .



A découvrir et à discuter le Dimanche 14 Avril à 17h au cinéma l'Oustal en compagnie de membres du Collectif Compasso - Vavilov qui cherche à s'installer dans notre région et de Jimmy Ribeiro maraîcher de l'Amap des Cassagnous.

lundi 1 avril 2019

Pris de remords, Emmanuel Macron décroche son propre portrait !



Ce 1er avril à l’aube, des activistes d’Action non violente COP21 ont mené une nouvelle « réquisition » de portrait du président de la République pour dénoncer l’inaction gouvernementale dans la lutte contre le changement climatique. Au premier rang des militants se tenait Emmanuel Macron en personne.
  • Paris, 8e arrondissement, reportage
Ce lundi 1er avril, à l’aube, la rue de Lisbonne est encore endormie quand une vingtaine de photographes, de cameramans et de journalistes se ruent, hors d’haleine et matériel sous le bras, devant l’hôtel Cail, qui abrite la mairie du 8e arrondissement. Au croisement avec le boulevard Malesherbes, une Peugeot 5008 II aux vitres teintées s’engage sur la chaussée, escortée par trois motards. Le mystérieux véhicule décélère et s’immobilise juste devant l’hôtel Cail.
Les employés de la mairie sortent de l’édifice en rang d’oignon, sur leur 31, et se placent en formant une haie d’honneur sur le perron. La porte arrière de la Peugeot s’ouvre dans un crépitement de flashs. Le véhicule délivre un garde du corps à la carrure massive, lequel dévoile, d’un pas de côté… le président de la République, suivi de son Premier ministre. Emmanuel Macron et Édouard Philippe posent le pied sur le trottoir en remuant leur main droite en guise de salut. L’édile de l’arrondissement, Jeanne d’Hauteserre, s’empresse de les accueillir.
La mine inquiète, Emmanuel Macron l’interroge : « Nos amis ne sont pas encore arrivés ? » La seconde suivante, dans un concert de sonnettes, de pédales et de chaînes, une vingtaine de cyclistes font irruption. « Les voilà ! » s’illumine le Président. Les militants écologistes, Pauline Boyer et Jon Palais à l’avant du peloton, posent leurs tandems et tendent au président un T-shirt jaune et un gilet fluo à l’effigie du mouvement Action non violente COP21. Pivotant vers les photographes, Emmanuel Macron s’en saisit solennellement, défait sa veste de costume et s’affuble de son nouvel habit. Guidés par Jeanne d’Hauteserre et suivis par les militants écologistes, le président, le Premier ministre et une poignée de journalistes — dont Reporterre — s’engouffrent dans les couloirs de la mairie, en direction de la salle des mariages.

« À partir de cet instant, je vais mettre toutes mes forces et mon énergie à relever le défi environnemental » 

Devant son portrait, face à face avec lui-même, Emmanuel Macron marque un temps d’arrêt et s’observe, silencieux. Encouragé par la moue approbatrice d’Édouard Philippe, il commence soudain à décrocher le cadre. Au premier essai, le portrait ne vient pas. « Vous n’avez pas encore pris le pli, monsieur le président », dit Pauline Boyer, avant de partager ses astuces pour retirer convenablement un portrait présidentiel : les mains fermes, le regard déterminé, le geste souple. Le second essai s’avère fructueux. « Ce mur est désormais vide, vide comme ma politique en matière de lutte contre le changement climatique », constate le président. [1]
La délégation retourne sur ses pas et prend la pose sur le perron de l’hôtel Cail. Emmanuel Macron, l’air soulagé, s’installe derrière un pupitre, ajuste le micro, et déclare :
Françaises, Français, nous voilà ensemble au rendez-vous de notre pays, de notre planète et de notre avenir. Depuis deux ans que vous m’avez confié la tâche immense de présider à la destinée de la France, je n’ai eu de cesse de vouloir redresser les comptes publics, de relancer la croissance, de vitaliser notre économie… Mais, je me suis trompé. Car tout cela n’est que poudre de perlimpinpin au regard de l’urgence climatique. Certes, nous avons, avec le Premier ministre et l’ensemble du gouvernement, cherché à impulser la fin de l’exploitation des hydrocarbures et des voitures thermiques, nous avons stoppé le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et œuvré au niveau européen pour l’adoption de limites ambitieuses aux émissions des voitures.
Cependant, je vous le dis avec toute la gravité qui s’impose, nous n’avons pas été à la hauteur de la crise écologique. Nous n’avons pas mis en place les mesures qui s’imposaient afin que l’Accord de Paris ne reste pas lettre morte. Je le regrette profondément. Le temps des atermoiements est désormais révolu. Fini les carabistouilles ! Pour marquer le changement de cap radical que nous allons effectuer dès les prochains jours, j’ai donc décidé de décrocher mon portrait. Chers concitoyens, aujourd’hui, je vous en fais la promesse solennelle : je ne serai plus le même, rien ne sera plus comme avant. À partir de cet instant, je vais mettre toutes mes forces et mon énergie à relever le défi environnemental, je vais consacrer chaque minute du temps qu’il me reste à accomplir à la lutte contre le changement climatique. Avec calme, et en même temps avec détermination. Vive la République, vive la planète, vive la France ! »


Contacté par Reporterre, Pascal Canfin, candidat La République en marche pour les élections européennes, assure que la campagne électorale en cours n’est pour rien dans ce revirement : « Cela fait plusieurs semaines qu’on le sent tourmenté, depuis son retour de la station de ski de La Mongie [dans les Hautes-Pyrénées], mi-mars, confie-t-il. Leur chien, Némo, a failli être tué par une avalanche. Ça a été le déclic, Emmanuel s’est soudain rendu compte des conséquences concrètes du changement climatique dans la vie de chacun. » L’information était alors passée sous les radars médiatiques, le couple présidentiel préférant taire l’incident alors que le Fouquet’s était incendié sur les Champs-Élysées.

Le « Plan Jupiterre » lancé dès demain

Une prise de conscience sincère donc, mais peut-on réellement espérer une bifurcation de la politique gouvernementale ? « Le président a accepté l’idée d’un New Deal écologique, explique Txetx Etcheverry, militant climatique, qui a participé à plusieurs réunions préparatoires à l’Élysée. Il s’agit de réagir comme si nous nous trouvions en état de guerre ou de catastrophe majeure. » Le gouvernement devrait lancer le bien nommé « Plan Jupiterre » dès demain mardi, doté de crédits exceptionnels pour accélérer la rénovation énergétique des bâtiments, dans l’idée d’instaurer d’ici cinq ans un couvre-feu thermique entre 22 h et 6 h du matin.
Mesure hautement symbolique, Emmanuel Macron entend remplacer la moitié des véhicules officiels par des vélos made in France. Dans le communiqué diffusé à l’issue de l’action de décrochage de portrait, il s’engage également à limiter le nombre de ses déplacements en avion à quatre par an, le reste des réunions diplomatiques pouvant être assurées par visioconférence, à l’aide d’hologrammes. Les jardins de l’Élysée seront prochainement convertis à la permaculture, de même que l’ensemble des parcs publics.
Le président a aussi décidé de remanier en profondeur le gouvernement. Le Premier ministre souhaite en effet reprendre la tête de la mairie du Havre, après que son remplaçant, Luc Lemonnier, a démissionné, accusé d’avoir envoyé des photos pornographiques à plusieurs femmes. « Je vais me dédier à ma ville, menacée par la montée des eaux », laisse-t-il entendre, visiblement soulagé de ce « retour à la mer ». L’exécutif sera donc dirigé par un « comité de salut public », fonctionnant selon les principes de l’holacratie. Six membres constitueront ce groupe, trois hommes et trois femmes. Les noms de l’activiste Jon Palais, de la climatologue Valérie Masson-Delmotte, du chercheur Pablo Servigne, ou encore de l’actrice Marion Cotillard circulent. Joint par Reporterre, François de Rugy n’a pas souhaité réagir à ce retournement présidentiel. Des sources ministérielles affirment que le ministre actuel de la Transition écologique n’était pas au courant du « revirement de l’hôtel Cail ».
1er avril 2019 /

 Alexandre-Reza Kokabi et Lorène Lavocat (Reporterre)  

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